Pratiques d’utilisation du territoire et de subsistance des Micmacs
Au moment du premier contact, les Micmacs, un peuple algonquin de l’Est, exploitait les ressources d’un vaste territoire qu’ils appelaient Mi’ kma ‘kik, et dont la frontière allait jusqu’à la moitié septentrionale du golfe du Saint-Laurent. Ce territoire couvrait des portions de la péninsule de Gaspé, de la rive nord du Québec du Nouveau-Brunswick et du Maine, toute l’Île-du-Prince-Édouard et la partie continentale de la Nouvelle-Écosse ainsi que l’île du Cap-Breton, les Îles-de-la-Madeleine, les îles Saint-Pierre et Miquelon et, comme il sera discuté plus loin, des portions du sud de Terre-Neuve.
Les chercheurs ne s’entendent pas sur la densité de la population micmaque préeuropéenne avant qu’elle soit dévastée par les épidémies apportées par les Européens. Une estimation modérée situe leur nombre entre 6 000 et 15 000[…]
Un littoral immense et découpé leur donnait accès à une faune aquatique variée – des phoques, des morses, des marsouins, des petites baleines, des poissons d’eau douce et salée, des anguilles, du gibier d’eau et des mollusques (palourdes, moules, etc.) – dont regorgeaient le golfe du Saint-Laurent et le rivage de l'océan Atlantique. Il n'est donc pas surprenant que les Micmacs aient été une population très adaptée à la vie maritime. Néanmoins, en particulier durant les mois d’hiver, ils se nourrissaient également d’une variété de mammifères terrestres dont l'orignal, le caribou, le chevreuil, l’ours noir, le castor, le porc-épic, le lièvre et autres petits animaux en plus de perdrix et de grouse. Plusieurs sortes de baies et des noix complétaient leur alimentation.
L’unité sociale de base des Micmacs était la famille élargie, ce qui veut dire une famille à qui appartenaient plusieurs membres individuels tels les grands-parents, les tantes célibataires ou veuves, les oncles et les cousins et même les personnes adoptées. Plusieurs familles se regroupaient en bande locale dont les membres se réunissaient généralement quelque part sur la côte en été, mais qui se séparaient pour la chasse hivernale.
Les Micmacs étaient des chasseurs, des pêcheurs et des cueilleurs semi sédentaires. […] Au début du dix-septième siècle, Marc Lescarbot les a décrits comme étant des « vagabonds, sans agriculture, qui ne s’arrêtaient jamais pour plus de cinq ou six semaines à un même endroit ». La distribution et la disponibilité des ressources fauniques, incluant les animaux à fourrure, variant énormément d’une région à une autre faisaient en sorte que les Micmacs se déplaçaient beaucoup en quête de nourriture et de refuges en particulier en hiver alors que la bande se divisait en petites cellules familiales. Cependant, en été, les membres de la bande de réunissaient pendant des semaines, voire des mois, à des endroits propices à la pêche tels que l’embouchure des rivières où la nourriture saisonnière était abondante.[…]